L’être au monde cévenol
Les Cévennes sont historiquement une terre d’opposition. Aujourd’hui encore, les militants anti-gaz de schiste se réclament de l’héritage des Camisards. Les populations protestantes ont beaucoup résisté dans les Cévennes. À la suite des persécutions, quelques-uns ont fui mais la grande majorité a tenu bon. « Résister » ! C’est le mot que la protestante Marie Durand a gravé dans la pierre à la Tour de Constance où elle a été prisonnière pendant 40 ans. Certains îlots catholiques se sont maintenus et ont aussi dû développer une culture de la résistance, apprendre l’art de la dissimulation.
Les Cévennes sont aussi une terre individualiste. Ainsi que le relève Daniel Travier, directeur du Musée Maison rouge (musée des tradition cévenoles de Saint Jean du Gard) :« la vie n’était pas collective dans cette région. Même s’il existait une certaine solidarité entre gens du village, la vie était tellement dure et austère que chaque homme travaillait pour nourrir sa propre famille ». (France 3 régions, 2020)
Résister est donc le maître mot en pays cévenol. « Je ne vais pas changer ma manière d’être au monde. » « J’ai le souci de moi jusqu’au bout » !
Cette résistance… comment la mettre en œuvre aujourd’hui de manière constructive ? Comment résister tout en ayant une attitude positive envers la Vie ?
Nous avons souvent tendance à opposer les contraires mais ce qui constitue le Vivant c’est justement l’oscillation, le mouvement, le va et vient entre la pulsion de vie et la pulsion de mort.
“L’hypothèse même de la pulsion de vie est sous-tendue par celle de la pulsion de mort. Je propose alors ici de nous intéresser à cette tension entre les pulsions, au jeu vivant entre elles deux. Je fais l’hypothèse que l’ambivalence repérée chez les patients, notamment dans des moments où le réel frappe, serait justement une alliance, un équilibre entre ces pulsions au profit du vivant. Le vivant étant à distinguer de la pulsion de vie.”
Je vous propose aujourd’hui d’observer ce mouvement plus large que le Oui et le Non qui est le mouvement de la vie même. S’énerver, rire, s’impatienter, être déçu.e, avoir envie, s’arrêter, repartir… Dans tout cela, où est la pulsion de mort ? Où est la pulsion de vie ? Mais, plus important encore, en quoi, dans ce mouvement entre les deux pulsions, je peux repérer que je suis vivant.e ?